Syberia : The World before – un retour aux sources enchanteur ! [Aperçu]
28 octobre 2020Syberia, la grande licence d’aventure des années 2000, revient pour un nouvel opus totalement inattendu. Une suite ? Un prologue ? Les deux, moussaillons ! De 1937 à 2004, des prémices de la Seconde Guerre Mondiale, aux mines de Sel de la Sibérie… Le temps s’entremêle et les destins s’entrecroisent. A l’occasion, Microïds, l’éditeur et le développeur historique de la licence, a mis à disposition, sur Steam, la démo jouable de Syberia : The World Before. En grand fan d’Aventure et de poésie, nous avons testé ladite démo. Sans plus attendre, nos premières impressions…
Maître Sokal, orfèvre d’un imaginaire à part entière
Syberia est LA création du dessinateur Benoît Sokal. Il est toujours bon de le rappeler et plus encore, de ne pas minimiser la vision du maître dans la conception de la licence. Peut-être le connaissez-vous déjà par le prisme de la bande dessinée avec l’illustre inspecteur Canardo ? A moins que vous ne l’ayez connu avec son premier jeu vidéo, l’Amerzone (qui est d’ailleurs le nom d’un album de Canardo) ? Mais c’est avec Syberia et la grande Kate Walker que notre artiste a marqué l’histoire du jeu vidéo et notamment celui de l’aventure Point & Click !
Dans le premier Syberia, l’Europe de l’Est du XXème siècle côtoie la nature sauvage et merveilleuse des temps anciens. Les automates questionnent notre humanité et notre rapport à l’altérité. Le train devient l’élément névralgique de l’histoire. Benoît Sokal disait d’ailleurs Dans l’Art de Syberia :
« Tous les grands événements de ce siècle en Europe [XXe], selon moi, se sont déroulés dans des trains, bien plus qu’avec d’autres véhicules comme des avions, des voitures, voire des Spoutnik. Le train était la base de la création graphique de l’œuvre. Il évoque à la fois les voyages du Trans-Europe-Express qui faisaient rêver les gens avec ses intérieurs luxueux et les wagons plombés qui emmenaient les juifs dans les camps de la mort. »
A ces voyages, s’ajoute le personnage emblématique de Kate Walker : cette jeune avocate new-yorkaise, rattachée au cabinet de Marson & Lormont. Une femme distinguée, professionnelle et plutôt patiente. En soi, Kate est une héroïne du quotidien, pas de super-pouvoirs, pas d’acrobaties aériennes ni de séquences physiques. Elle incarne ce « monsieur madame tout le monde » bousculé dans ses certitudes et en constante fluctuation. Pour Benoît Sokal, c’était une évidence :
« Kate est d’abord très rationnelle. Elle vient faire signer des papiers et pense être rentrée chez elle pour le week-end, mais au fur et à mesure des rencontres, ses certitudes vacillent. Petit à petit, elle prend le parti des gens qu’elle croise, elle intègre leur univers. Ce basculement progressif est la caractéristique du récit initiatique qu’il m’intéressait de développer. »
En France, on doit indéniablement le succès de Kate Walker à la superbe comédienne, artiste-interprète Françoise Cadol. La même qui porta le personnage fort de Lara Croft et qui officie depuis des années au cinéma (Angelina Jolie, Sandra Bullock…), dans les publicités et dans la sphère des jeux vidéo. Dans notre société de la sur-communication, nous l’oublions souvent mais la voix dévoile beaucoup de ce que nous sommes !
La presequel, cette temporalité périlleuse
Vous n’avez jamais lu ou entendu ce terme ? Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas inculte ! La « presequel » est une fusion entre deux notions : la préquelle (ce qui se passe avant l’œuvre connue) et la séquelle (ce qui suit l’œuvre, la suite). Cette mode de faire coexister deux temporalités nous vient droit du cinéma et n’est pas toujours un gage de réussite puisque le récit a « le cul entre deux chaises ».
Dans Syberia : The World before, il y a d’un côté le destin de Dana Roze, jeune et talentueuse pianiste. Puis, de l’autre, celui de Kate Walker en 2004, après les événements de Syberia 3. Rappelons à notre cœur meurtri que l’épisode 3 finissait sur un redoutable cliffhanger ! Les deux temporalités sont visuellement bien séparées et un journal nous permet fort heureusement de bien faire le point sur les différents événements.
La démo nous propulse d’abord, à l’instar de Dana Roze, à la découverte de Vaghen et son architecture à couper le souffle. Si les critiques trouvaient les graphismes de Syberia 3 désuets, il est à présent difficile de les attaquer dans The World Before. Les environnements sont vraiment beaux avec un soin apporté aux surfaces et matériaux (la rouille…). Les visages des personnages sont un peu en dessous des productions actuelles mais pour un indépendant, c’est un résultat tout à fait correct. A vrai dire, le plus troublant et inexplicable, c’est ce flou cinétique que l’on constate sur les bords de l’écran. En espérant d’ailleurs qu’une option permette de le désactiver.
Nous suivons l’arrivée de la brillante Dana, choisie pour jouer l’hymne officielle de la ville. Cela sent bon les automates, la fibre créatrice et l’ingéniosité technologique. Des codes propres à la licence Syberia.
Pourtant, petit à petit, l’ombre se faufile. Et quelle ombre ! D’abord l’ « Ombre Brune » et son idéologie nauséabonde puis, celle qui rythme la vie de Kate depuis son emprisonnement. Notre chère Kate est désabusée, résignée, en proie à la culpabilité. Son espoir ne tient qu’à un fil, fil rompu par une terrible nouvelle. La belle a perdu de sa superbe et il est certain que cette aventure sera sans doute très éprouvante pour elle, comme pour nous ! Sur les quatre opus, celui-ci apparaît comme le plus sombre, le plus anxiogène et le plus contrasté !
Le mélange passé / présent annoncé pouvait laisser craindre le pire. Pourtant, après avoir testé cette démo, il semble que ce choix assumé soit le bon. Reste à voir s’il sera pleinement exploité tout le long de l’histoire et si Dana ne sera pas trop dans « l’ombre » de Kate.
Syberia : The World Before, entre tradition et modernité
Alors que beaucoup de licences font le choix de renoncer à ce qu’elles ont toujours été pour plaire au plus grand nombre, Syberia reste droit dans ses bottes. Non seulement, la série garde son identité mais également les mécanismes qui en font son ADN.
Le personnage jouable se déplace toujours à l’aide de la souris (et même de la manette pour ceux qui veulent l’utiliser), l’observation, la réflexion et les dialogues sont également présents. Syberia repose sur des puzzles et énigmes qui demandent de ramasser, combiner et utiliser des objets. C’est la base des Point & Click ! Dans la démo, les énigmes étaient plutôt accessibles et reposaient surtout sur du bon sens. Pour couronner le tout, le grand Inon Zur s’occupe inlassablement de la bande-son !
La jouabilité à la souris s’est sensiblement améliorée. Syberia 3 avait voulu mettre en avant la manette et rendait paradoxalement la gestion des énigmes plus fastidieuse à la souris. Lorsqu’une manipulation est possible sur un élément du décor, les objets de l’inventaire apparaissent directement sélectionnables, un gain de temps manifeste ! Les dialogues avec certains personnages laissent aux joueurs le choix de la réponse et de l’action. Il est d’ailleurs difficile d’estimer la portée de ces choix. Auront-ils de vraies conséquences dans l’histoire ? Permettront-ils une certaine rejouabilité ?
Syberia : The World Before nous offre 1 heure d’émerveillement, de questionnement et d’immersion dans le fabuleux monde de Benoît Sokal. Le moment est court mais d’une densité appréciable. De nouveaux enjeux se dessinent, de nouvelles thématiques s’écrivent et un autre pan de l’imaginaire se construit. Quel dommage en revanche de ne pas avoir été bercé par la douce voix de Françoise Cadol, ce fût un crève-cœur d’y jouer en anglais ! La démo, prometteuse techniquement et scénaristiquement, nous invite à faire preuve de patience. Douce ironie lorsqu’elle s’achève sur un autre cliffhanger cruel, dont Microïds a le secret !
j’ai connu se jeu depuis le début ,( le 1er l’amerzone qui était l’accroche de syberia) si je comprend bien celui si sera en anglais sous titré….de ce faite je ne l’achèterai pas surtout pour une production française cela la fou mal
le jeu sera disponible en français bien sur comme tous ceux qui l’on précédé pardi! C’est le prologue d’un jeu en cours de production, il faut le considéré comme une demo qui n’est pas peaufiné.