Aquaman, l’homme qui murmurait à l’oreille des poissons [Critique]

8 janvier 2019 0 Par Joey

Sorti le 19 décembre 2018, Aquaman constitue le sixième chapitre de l’univers cinématographique de DC Comics, lancé avec Man of Steel il y a 5 ans. Un ensemble d’œuvres qui peine à convaincre pleinement, avec des films à la qualité très variable. Et après un Wonder Woman majoritairement acclamé, suivi d’un Justice League plus décevant, difficile de ne pas rester appréhensif. Voyons de quel côté se rangent les aventures d’Arthur Curry.

 

Rédemption pour l’ami des poissons ?

Introduit dans Batman V Superman  mais véritablement utilisé pour la première fois dans Justice League, Arthur Curry, alias Aquaman (Jason Momoa), dégage tout de suite une certaine présence. De quoi faire taire toutes les moqueries vis-à-vis de sa personne, dont la réputation de ringard n’est plus à faire. Et pourtant, Jason Momoa s’approprie le rôle sans effort.

Et quand bien même il ne délivre pas nécessairement un jeu poignant, on s’attache très vite au personnage, qui possède d’emblée un très bon capital sympathie. Cependant, cette incarnation à l’écran n’est pas pour autant la première représentation « badass » du personnage. Certains comics ainsi que certaines productions animées lui ayant déjà rendus justice au fil des années.

Et le run comics New 52 (DC Renaissance en VF) de Geoff Johns sur le personnage a d’ailleurs grandement servi d’inspiration à cette nouvelle itération au cinéma. Cela dit, comme toute adaptation digne de ce nom, nul besoin d’avoir lu le moindre comics pour comprendre et apprécier le film.

 

 

Une forme plus ambitieuse que le fond

Et autant dire qu’ici, il y a peu de chances de se retrouver perdu. Car non seulement Aquaman se distance des précédents films, avec une intrigue qui se suffit à elle-même, dans laquelle on trouve une unique réplique permettant de resituer le film dans la chronologie. Mais ce dernier propose également une histoire que beaucoup trouveront sans doute très familière, puisqu’il s’agit là de la quête d’un héritier qui devra prouver sa valeur pour pouvoir monter sur un trône qu’il ne désire pas. Pas très original à ce niveau-là, donc. Cela dit, l’intrigue se veut tout à fait suffisante en soi, et permet d’aller droit au but.

L’écriture n’est sans doute pas la plus profonde qu’on ait pu voir, même en restant dans le genre du super-héros. Cependant, Aquaman sait proposer occasionnellement de très bonnes répliques, qui en profitent pour parfaitement retranscrire l’état d’esprit de certains personnages et de leurs ambitions. A côté de ça, le charisme de la plupart des personnages suffit à lui seul à s’y attacher. On a beau ne pas se retrouver devant un film à grand potentiel de larmichettes, on ressent quand même généralement le feeling voulu lors de certaines étapes-clés de l’intrigue.

 

 

Un casting sans dérapage

Outre Jason Momoa dans le rôle principal, nous avons également Amber Heard en Mera qu’on avait déjà pu apercevoir dans Justice League, mais qui ne devient intéressante que dans ce nouveau film. Arthur et Mera font plutôt preuve d’une bonne alchimie ensemble, et cette dernière saura également se montrer utile à plusieurs reprises.

A leurs côtés, on pourra sans trop d’étonnement retrouver Patrick Wilson, qui signe avec Aquaman sa 5e collaboration avec le réalisateur du film, James Wan (Saw, Fast and Furious 7, Conjuring), dans le rôle d’Orm, aka Ocean Master. Nicole Kidman donnera également de sa personne, en redoutable reine Atlanna, et mère d’Arthur. Son père étant lui joué par Temuera Morrison (Monsieur Jango Fett lui-même). Willem Dafoe se fait quant à lui vizir de la famille royale.

Et j’imagine qu’un film Aquaman ne serait pas un film Aquaman sans son Black Manta. Rôle attribué à Yahya Abdul-Mateen II (The Get Down) qui, sans doute plus encore que ses compères acteurs, joue encore moins dans la subtilité, avec une prestation d’antagoniste un peu over the top. Affublé d’un costume de sorte qu’il ait bien la tête de l’emploi.

 

 

Décomplexion totale

Black Manta représente d’ailleurs très bien à lui tout seul le ton du film. Il n’est ici absolument pas question d’être sombre, réaliste et terre à terre (malgré des moments sérieux lorsque nécessaires). Non, Aquaman est un comic book amené à la vie, et ce sans trop de concessions artistiques. Qu’importe si les méchants ont l’air de sortir tout droit de Power Rangers. Et qu’importe si les effets spéciaux sont flagrants. Parce que contrairement à Justice League, où le rendu pouvait souvent faire un peu cheap et bâclé, ici le film ne s’excuse simplement pas de ne pas être réaliste pour un sou et nous en met plein les mirettes.

Et dès lors que l’on accepte le côté fantasy, à 20 milles lieux des terrains villes en ruines des films de Zack Snyder, on n’a pas vraiment le temps de pester sur le fait que tel environnement paraît irréel. La direction artistique d’Aquaman est monstrueuse (et parfois monstrueusement kitsch aussi), et la réalisation aux petits oignons de James Wan impressionne à de nombreuses reprises.

Que ce soit la chorégraphie de certains combats, les plans sublimes qui mettent en valeur la grandeur des fonds marins, ou les transitions audacieuses entre certains scènes, tout ça nous donne très certainement le film le plus ambitieux du DC Extented Universe (ou quelque soit sa nouvelle nomenclature), sur le plan visuel. Dommage que la bande-son ne soit pas aussi mémorable. Pas qu’elle soit nécessairement mauvaise dans l’ensemble. C’est juste qu’on peine à se rappeler de quoi que ce soit, là où les précédents films avaient majoritairement réussi cet exercice, au moins en partie.

 

 

Une diversité agréable

Diverses sont les inspirations d’Aquaman. Le melting-pot bâtard d’Indiana Jones mêlé à Thor, mêlé à Dragons, mêlé au Seigneur des Anneaux, le tout saupoudré d’une petite touche de Lovecraft, s’avère particulièrement savoureux.  Le film sait naviguer entre tout un tas d’ambiances différentes, allant de moments intimistes entre deux personnages, à une gigantesque bataille, ou encore à un segment qui tend vers l’horreur. Bref, Aquaman est un film qui fait voyager. Et qui nous en fait littéralement voir de toutes les couleurs.

De quoi rendre la déjà très belle île des amazones de Themyscira, à la limite du fade. Ceci dit, comme pour absolument tout, Aquaman ne pourra pas faire l’unanimité. Le côté ridicule de certaines scènes ne plaira pas à tous. Même si le film se veut totalement décomplexé. Et il assume sa direction artistique parfois criarde, et ce jusqu’au bout. Ça peut déstabiliser, mais reste que pour une première adaptation cinéma du personnage, l’accomplissement mérite quand même d’être applaudi.

 

 

L’avis de Kihaa

La première fois que j’ai vu le trailer d’Aquaman, j’ai eu directement un feeling. On peut dire que j’ai le nez fin parce que le film est sans doute le plus réussi des DC. Des plans sublimes, un montage esthétique, des effets spéciaux bien maîtrisés, une bande-son appréciable (sauf cette reprise honteuse de Toto)… Et que dire des inspirations ! La richesse des fonds marins, la diversité des formes de vie et les couleurs abyssales n’ont eu de cesse de me faire penser à Avatar. Certes, l’écriture n’est pas le point fort du film (même si certaines répliques ont du chien) et le scénario n’est pas le plus original. Cependant, je ne peux que constater le parallèle intelligent fait avec la Légende du Roi Arthur (comprendra qui voudra avec la référence jusque dans le texte, au Vrai Roi). Les acteurs se débrouillent très bien, notamment Jason Momoa portant le personnage de tous ses biceps et de son charisme ! Pour finir, je ne peux que vous conseiller d’aller voir le film et vite ! 

 

L’avis final de Joey

Avec son rythme assez effréné, Aquaman ne laisse pas vraiment le temps à l’ennui. Si certains pourront regretter une histoire sans grandes surprises, difficile de ne pas en prendre plein les yeux, et de bouder son plaisir en suivant Arthur Curry dans son périple. Un vrai film d’aventure, avec une dimension épique, plus que bienvenue dans cette branlante saga cinématographique. Cependant, Aquaman redonne espoir. Si le cas Justice League est un peu particulier, le fait que les deux derniers films solos en date soient de l’acabit qu’ils sont, il y a de quoi redevenir positif, ou au moins plus enthousiaste, vis-à-vis du futur des films DC.

  • 9/10
    Réalisation - 9/10
  • 7/10
    Casting - 7/10
  • 7/10
    Scénario - 7/10
  • 6/10
    Bande-son - 6/10
  • 6/10
    Originalité - 6/10
7/10

Résumé

Une histoire classique mais efficace et très bien mise en scène. Un très bon divertissement pour tous âges.