The Man in the High Castle (Saison 3) : l’uchronie de la réussite ! [critique]
21 octobre 2018The Man in the High Castle, est la série phénomène d’Amazon Prime Video. Lancée en 2015, elle est actuellement la plus regardée sur le service du géant Américain. Basée sur l’œuvre éponyme du grand romancier de science-fiction Philip K. Dick, elle met en scène un monde uchronique dans lequel l’Allemagne a gagné la Seconde Guerre Mondiale et se partage ainsi les États-Unis avec l’Empire du Japon. La saison trois était particulièrement plébiscitée par les spectateurs, notamment à cause d’un cliffhanger choc à la fin de la saison 2. Diffusée depuis le 5 octobre 2018 partout dans le monde, la saison 3 de The Man in the High Castle ne laisse pas indifférente. Assure-t-elle toujours l’excellente qualité de la série ou marque-t-elle une baisse significative de régime ?
Garanti sans spoilers !
« Le sang n’est pas comme l’encre, rien ne peut en effacer les taches. »
The Man in the High Castle : une qualité d’écriture indéniable
Dans le monde impitoyable des séries, il est terriblement fréquent de voir une œuvre de fiction s’embourber, passant de la lumière à l’ombre. La raison ? Une certaine faiblesse scénaristique, une histoire qui se perd, des personnages qui n’évoluent plus ou qui en deviennent tellement paradoxaux qu’ils sont inconséquents. C’est souvent ce que les geeks nomment « la saison de trop ». La saison trois est généralement révélatrice de la qualité d’une série. La différence entre une très bonne série et une série moyenne ? Une saison trois qui se déroule avec brio.
Le Maître du Haut Château explore toujours la trame définie dans la première saison. Le spectateur retrouve donc l’Empire Japonais, le Reich et la zone libre. La force de cette série, sans aucun doute, c’est cette capacité merveilleuse à interconnecter l’histoire intime des personnages à la grande Histoire, celles des pays et des tractations politiques. La saison 3 se compose de 10 épisodes qui durent en moyenne plus de cinquante minutes. Des épisodes qui a priori font craindre longueur et ennui… Je vous arrête tout de suite, la tension narrative, la charge émotionnelle et la remarquable écriture de l’histoire, des dialogues vont vous tenir en haleine. Autrement dit, vous ne voyez pas le temps passer et lorsque les 10 épisodes touchent à leur fin, la séparation avec la série est douloureuse.
Bien entendu, l’intrigue évolue et ne stagne pas éternellement à un conflit stérile entre différentes factions étatiques et organisationnelles. Les Nazis ont des plans à mettre en œuvre pour l’avenir de la Nation, les Japonais tentent de tirer leur épingle du jeu et les Rebelles, morcelés, suivent des destins et des chemins différents. La série retranscrit avec justesse le cynisme des hommes d’État, la violence des politiques qui sont menées et la terrible injustice qui naît selon le statut d’un individu. La mutation de l’Histoire passe d’ailleurs par une transformation des personnages. Marqués par leur expérience, l’adversité de leur parcours et des choix toujours plus difficiles, ils expliquent à eux seuls le succès de la série.
Des personnages brillamment interprétés
Le casting de The Man in the High Castle n’a que peu bougé depuis la saison 1, c’est ainsi que nous retrouvons Alexa Davalos en Juliana Crain, Luke Kleintank en Joe Blake, Rufus Sewell en SS-Obergruppenführer John Smith, Joel de la Fuente en Inspecteur Kido, Cary-Hiroyuki Tagawa en Ministre du Commerce Tagomi, pour ne citer qu’eux. Les personnages secondaires mis en valeur pendant la seconde saison sont toujours là notamment Rita, Nicole et prennent de l’ampleur. Jason O’Mara rejoint la série avec cette troisième saison, en jouant Wyatt Price, un loubard mystérieux.
Cette saison permet à certains personnages de gagner de l’importance et prendre une profondeur insoupçonnée. C’est ainsi qu’Helen Smith, portée par l’excellente Chelah Horsdal, dévoile aux spectateurs toute la violence de ses contradictions. Tous les personnages sont marqués par des conflits internes empêchant un manichéisme bête et méchant ! Juliana Crain a beaucoup muri, sa détermination et son sang-froid en ressortent renforcés alors que Joe s’avère à jamais marqué par les éléments de son histoire. Le SS-Obergruppenführer John Smith est sans aucun doute mon personnage préféré. C’est tout de même la preuve que l’adaptation The Man in the High Castle sort des clichés pour nous faire apprécier des individus théoriquement détestables par leurs actions ou par leur rang. La série est d’ailleurs bien plus dramatique que l’œuvre originelle mais ce n’est pour nous déplaire. Le spectateur assiste à des revirements d’une violence inouïe auxquels il n’est souvent pas préparé ! John Smith porte la série avec justesse, sans doute parce que l’acteur Rufus Sewell excelle dans l’uniforme ! Tous ces individus incarnent les valeurs prônées par les différentes factions mais ils s’en éloignent aussi par leur personnalité, leur intimité, leurs doutes, leurs agissements.
Une saison techniquement impeccable
Avec un format atypique de dix épisodes de plus de cinquante minutes, c’est une prouesse de captiver le spectateur. Aucun épisode n’est à jeter ! Le rythme est relativement bien construit, avec des phases de dialogue, des phases d’action, des pics d’intensité et des fins d’épisode magistralement amenées. Si bien que la seule chose que vous désirez, c’est lancer la suite pour connaître les prochains événements. Voilà bien longtemps qu’une série n’avait pas été aussi addictive (pour moi). Je ne vous cache pas qu’il m’a fallu un seul jour pour voir sept épisodes sur les dix de cette saison 3.
Mais rien n’est laissé au hasard, nous vous parlions de l’excellente écriture de la série et des personnages interprétés avec justesse, à cela s’ajoute un troisième facteur non négligeable : la technique. Qu’entendons-nous par-là ? La musique, bien dosée, vient accompagner la tension scénaristique. Le montage, bien maîtrisé, sert une narration conséquente. Les environnements, mêlant fonds vert et espaces naturels intérieurs et extérieurs, pour une tension dramatique exacerbée. S’il fallait pinailler, la seule petite ombre au tableau, ce serait sûrement un manque de luminosité récurrent. Mais cela ne nuit pas à la beauté des plans : certains sont d’ailleurs magnifiques, à l’image de ceux de la saison 2.
L’ambiance est prenante, les années 60 côtoient avec une crédibilité farouche l’occupation allemande et nippone. Il est assez rare dans l’univers des séries de voir un tel niveau technique sans que cela soit une débauche d’effets spéciaux, plus souvent là pour cacher une misère scénaristique. Amazon Prime Video a su s’entourer de quelques professionnels vétérans comme les scénaristes Frank Spotnitz (X-Files) et Elizabeth Benjamin (Bones, 13 Reasons why), le réalisateur et producteur Ridley Scott, le producteur Stewart Mackinnon (Quartet). Des talents qui viennent aussi bien du petit écran que du septième art et apportent un vrai savoir à The Man in the High Castle.
Les choix esthétiques sont remarquables et se démarquent à plus d’un titre. Que dire du dernier épisode ? Sans doute beaucoup de choses qu’il sera difficile d’aborder sous peine de spoilers indélicats. Ce qui est certain en revanche, c’est que cet épisode l’ «Année Zéro » est fort de symboles, de séquences mémorables et introduit la prochaine saison avec beaucoup de panache.
Cette saison 3 de The Man in the High Castle est brillante, elle construit en profondeur la cohérence de l’histoire et assoit l’authenticité de ses personnages. Le rythme est savamment orchestré, jonglant avec délice entre des dialogues riches, de l’action habile et un suspens viscéral. Les Nazis, les Japonais et les rebelles sont bien plus que des factions, ce sont la somme d’individus au relief marqué. C’est précisément ces individus que The Man in the High Castle met en valeur, nous faisant ainsi réfléchir sur la nature de celui qui porte l’uniforme. La science-fiction se diversifie en explorant différemment la thématique du temps, dépassant ainsi les limites de l’uchronie.
Note
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9/10
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10/10
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8/10
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8/10
Résumé
La saison 3 de The Man in the Hight Castle est à l’image des autres saisons de la série : intelligente, captivante et juste. Oubliez tout ce que vous avez sur le feu et sautez tête baissée sur la série incontournable d’Amazon Prime Video !
bon je vient de commencé Grace a toi
Tu verras, ça va vite d’enchaîner les épisodes et saisons, à condition bien entendu d’être réceptif ^^
J’ai adoré. Une des meilleures séries que j’ai pu regarder avec dark et thé OA. Magistral, un bijou.