Avengers Endgame : la fin d’un cycle ! [Critique]
1 mai 2019CET ARTICLE COMPORTE DES SPOILS IMPORTANTS. SI VOUS N’AVEZ PAS ENCORE VU AVENGERS : ENDGAME, NE LISEZ PAS CE QUI VA SUIVRE.
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Dernier cru des studios Marvel, Avengers : Endgame est la suite directe du désormais très populaire Avengers : Infinity War. Alors que les critiques furent unanimes concernant ce dernier, qu’en est-il de sa suite ? Clôt-elle en apothéose le cycle des Pierres d’infinité ?
I] Rappel et bref résumé
22e film et avant-dernier de la phase 3 du MCU, Endgame nous plonge dans un univers post-apocalyptique dans lequel nos super-héros préférés pansent difficilement leurs plaies en essayant de se tourner vers l’avenir. Pour rappel, dans Infinity War, le charismatique super-vilain violet de l’espace, Thanos, voulait accomplir sa destinée en rassemblant les 6 Pierres d’infinité. L’objectif du Titan fou était de réduire par deux le nombre d’individus vivant dans l’espace afin de préserver l’univers des ravages de la surpopulation. Il mena à bien son projet, non sans sacrifices, et vainquit les Avengers. D’un seul claquement de doigts, il « décima » donc la moitié de la population de l’univers dont un bon nombre de super-héros.
Dans Endgame, nous retrouvons les survivants, quelque temps après les événements d’Infinity War. Ces derniers ont encore l’espoir d’inverser le geste démesuré de Thanos. De ce fait, ils décident d’aller chercher le Titan fou mais se rendent rapidement compte que les Pierres ont été détruites et que l’action entreprise par Thanos semble « inéluctable ». Rongé par la culpabilité, Thor le décapite et nos super-héros repartent sans la moindre once d’espoir.
De l’eau a coulé sous les ponts et cinq années après, grâce au retour improbable d’Ant-man du monde quantique, nos super-héros reprennent espoir et entreprennent un voyage dans le temps. Ils souhaitent récupérer toutes les Pierres afin de retourner dans le présent et ressusciter tous les disparus, victimes du Titan fou. Il s’ensuit quelques péripéties et une mort tragique, celle de Black Window. Son sacrifice permet cependant à Œil de Faucon de récupérer la Pierre de l’âme. De retour dans le monde post-Thanos avec toutes les Pierres, Hulk a la lourde tâche de claquer des doigts afin de ramener les morts à la vie.
Mais il ne fallait pas oublier le Thanos du passé qui, grâce à un enchevêtrement des consciences de la Nebula du passé et de celle du présent, apprend sa destinée mais aussi le dessein des Avengers. Toujours pragmatique mais bien plus impétueux que dans le volet précédent, il décide d’attaquer, à l’aide de sa colossale armée, le complexe des Avengers. C’est à ce moment donné que tous les super-héros se réunissent, dont les disparus, et que Captain America peut enfin lancer son fameux : « Avengers, rassemblement ! »
Après de nombreux combats et une course-poursuite endiablée afin de conserver le Gant de l’infini, Iron man réussit à s’en emparer par la ruse, et à éliminer le Titan fou ainsi que son armée. Malheureusement, cette action héroïque est de trop pour Tony Stark, qui décède avec les honneurs sur le champ de bataille. Nos super-héros assistent à son enterrement et Captain America se propose de ramener toutes les Pierres dans le passé, ainsi que Mjlonir, afin que ces réalités parallèles ne souffrent pas de leur absence. Cela sera la dernière mission de ce bon vieux Captain, décidant de rester dans le passé afin de vivre au côté de sa dulcinée, Peggy Carter. On le retrouve dans le présent, âgé et usé par le poids des années, léguant son bouclier à Faucon.
II] Les points positifs
Au rayon des satisfactions, soulignons d’abord une bonne réalisation dans l’ensemble avec, dans la continuité de Infinity War, de très beaux plans de l’espace. La première séquence, nous montrant la disparition des membres de la famille d’ Œil de Faucon fonctionne et nous remet rapidement dans le bain. D’une manière générale, jusqu’à l’exécution de Thanos – appelons les choses par leur nom – le film fait un sans faute et réussit même à recréer la stupéfaction chez le spectateur, à l’image de ce qu’avaient pu produire la mort de Loki et la destruction du vaisseau asgardien dans le volet précédent.
D’autre part, la plupart des arcs narratifs trouvent avec cohérence leur conclusion dans Endgame, pour le plus grand plaisir des fans de la première heure. Pensons en particulier à ceux des Avengers, avec Tony Stark (Iron Man), Steve Rogers (Captain America) et Nathasha Romanoff (Black Widow). À noter, par ailleurs, le très bon développement de Nebula depuis Les Gardiens de la Galaxie vol.1. Le personnage ne cesse de gagner en profondeur, et Endgame en est une nouvelle fois la preuve. Ne serait-ce dans la symbolique de la mort de la Nebula du passé par celle du présent ! Il est aussi satisfaisant de voir que les grands oubliés d’Infinity War ont une place plus importante dans ce second volet (Ant-man et Œil de Faucon). Bref, retournons à nos moutons :
- Tony Stark retourne sur Terre et réussit dans un premier temps à fonder une famille avec sa dulcinée, Peper Potts. Envisagé depuis Iron Man 3, cette nouvelle facette du personnage donne lieu à des scènes touchantes entre lui et sa fille, et son ultime sacrifice n’a rien d’une surprise. Il s’agit plutôt d’une évidence quand on regarde son parcours de super-héros, frôlant la mort à plusieurs reprises, et nous rappelant entre autres l’acte héroïque qu’il avait fait lors de la bataille de New York (The Avengers). Son obsession pour la sauvegarde et la protection de l’humanité aura eu finalement raison de lui. Du playboy égotiste et imbuvable, il sera devenu une figure bienveillante, protectrice et paternelle, prenant sous son aile différents personnages juvéniles (Harley Keener puis Peter Parker) et jouant les premiers rôles au sein du projet « Avengers Initiative ». Même son irresponsabilité de façade due à son envie d’aider son prochain – Ultron ou encore les Accords de Sokovie – a semblé disparaître dans ce diptyque final. Par ailleurs, c’est aussi grâce à lui que les Avengers ont pu retourner dans le passé, rendant ainsi hommage à son génie et à son inventivité légendaire.
- Steve Rogers n’a plus un rôle de figuration comme cela avait pu être le cas dans Infinity War. Il prend d’ailleurs ses responsabilités tout en se réconciliant avec Tony Stark. Il représente l’espoir pour les autres, soutenant aussi le « casse temporel » préconisé par Ant-man. Le film rend un dernier hommage à son héroïsme grâce à deux scènes de combat particulièrement réussies : l’affrontement des Captain et son opposition à Thanos, muni de Mjölnir. Certains ont pu s’offusquer de cette dernière scène, mais il ne s’agit que du prolongement logique de la scène du marteau dans Avengers : l’Ère d’Ultron. Enfin, ses retrouvailles avec Peggy Carter et son choix de vivre sa vie avec elle font aussi partie de ces moments touchants du film. Une retraite bien méritée pour un Captain vieillissant, qui passe ainsi le flambeau à son bras droit, Faucon, en lui remettant son bouclier.
- Quant à Natasha Romanoff, Endgame insiste sur son altruisme et son pragmatisme, n’hésitant pas à se sacrifier pour permettre aux siens de réussir leur mission. Elle remet Flint sur le droit chemin et occupe encore une fois une place importante au sein des Avengers. Il est cependant dommage que nous n’ayons pas eu une conclusion à sa romance avec Bruce Branner.
Endgame est un film où les eater eggs sont légion. Il plaira ainsi aux marvelphiles car ce fan service rend hommage au MCU et souligne la fin de tout un cycle de films, débuté en 2008. Ils ne dénaturent pas l’œuvre de base. Il s’agit au contraire d’une grande force du film, arrivant à les incorporer dans l’histoire et se justifiant pour la plupart, de ce fait, par la trame scénaristique. Par ailleurs, ils ne font pas uniquement référence au MCU, mais aussi à d’autres films et surtout à l’univers des comics Marvel, le meilleur exemple étant bien sûr la scène de l’ascenseur. Celle-ci nous renvoie non seulement à une scène iconique de Captain America : Le Soldat de l’Hiver mais aussi à l’événement « Secret Empire » dans les comics. Cet arc narratif des comics nous présentait Captain America comme le chef suprême de l’organisation criminelle Hydra.
Enfin, le 22e film du MCU est une réussite, à mon sens, dans la manière qu’il a de nous transmettre des émotions. Si l’humour a une place plus importante que dans Infinity War, la tristesse, l’admiration et l’empathie sont aussi au rendez-vous. Le pathos se met en place tout au long du film, délaissant quelque peu l’action pour des scènes de dialogue – bien qu’un peu longues parfois – et de sacrifices qui auront ému, je n’en doute pas, plus d’un spectateur.
III] Les points négatifs
Cependant, Avengers Endgame n’est pas un film parfait et fait plutôt pâle figure par rapport à son aîné. Un des points forts d’Infinity War était d’avoir réussi à créer un rythme et une tension tout au long du film, avec un final grandiose. Endame n’a pas réussi à reproduire l’exploit à cause d’un trop grand déséquilibre entre les différentes parties du film (la vie post-apocalyptique, le voyage dans le temps, l’affrontement final). Quelques longueurs sont à constater dans la première partie alors que la seconde apparaît expéditive et désordonnée, renforçant certaines incohérences scénaristiques. La bataille finale est réussie même si elle fut plutôt brève. En revanche, j’ai vraiment du mal avec cette manie qu’ont les frères Russo à surcuter les plans. J’aurais aimé davantage de plans longs et moyens ainsi que des combats plus poussés entre les personnages secondaires de chaque camp.
Et quelle déception concernant la musique ! Le compositeur, Alan Silvestri, semble clairement en manque d’inspiration. Celles des bandes-annonces étaient pourtant prometteuses (ex : Torsion) mais en fin de compte, celles d’Endgame seront rapidement oubliées. C’est un défaut récurrent du côté des studios Marvel ! Il ne faut pas oublier que les musiques avaient eu un rôle important dans les succès planétaires et critiques que furent les trilogies de Sam Raimi (Spider-man) et de Christopher Nolan (Batman) ! Deux musiques pourraient à la limite me rester en tête, il s’agit de Totally Fine et de Not Good.
J’évoquais ci-dessus le bon développement de certains personnages, mais force est de constater qu’ils n’ont pas eu tous le droit à ce « privilège » :
- Doit-on réellement disserter sur Bruce Banner ? Ce personnage est clairement une roue de secours inintéressante depuis ses premiers pas dans le MCU. Il avait été question du début d’une romance entre lui et Black Window (Avengers : L’Ère d’Ultron), mais les scénaristes ont décidé de ne pas donner suite à cet événement. Ils auraient pu au moins le clore, mais non… Quoi qu’il en soit, Bruce Banner demeurera comme une sorte de « bouffon » sympathique – en particulier dans Thor : Ragnarok et Avengers : Infinity War – sans réelle profondeur. L’idée du Prof Hulk était intéressante sur le papier, mais il a fallu que cette ultime transformation se fasse hors-caméra et ne soit que brièvement narrée dans le film. On peut réellement se poser des questions quant à son avenir au sein du MCU.
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Thor, qu’on retrouvera probablement dans Les Gardiens de la Galaxie vol.3, n’a pas eu le même traitement que dans Infinity War. Il est même aux antipodes de ce qu’il était devenu ! En soi, je peux comprendre qu’il ait mal tourné à cause de sa culpabilité, car il aurait dû couper la tête ou le bras de Thanos dans Infinity War et il s’en veut terriblement. De plus, il devait faire le deuil de nombreux proches récemment décédés (Odin, Loki, Heimdall). Néanmoins, cela ne justifie en rien ses bouffonneries répétées dans Endgame. Il est devenu le comique de service, et le running gag ne fonctionne plus au bout d’un moment.
- Carol Danvers, alias Captain Marvel est le meilleur deus ex machina de ces dernières années ! Elle sauve Tony et Nebula au début du film, et terrasse littéralement Sanctuary, le colossal vaisseau de Thanos, à la fin. Et… c’est tout. Quelle superbe communication des studios Marvel ! On nous a survendu Captain Marvel pour finalement ne la voir que très peu de temps à l’écran. Merci, et au revoir.
Les incohérences et facilités scénaristiques constituent la dernière grande faiblesse du film. Il est toujours risqué de faire un film traitant du voyage temporel. Je demeure, pour ma part, insatisfait par les explications qui nous sont données, parce qu’en fin de compte, je n’ai toujours pas saisi le fonctionnement mais surtout les répercutions de ce voyage. Il réside par ailleurs quelques flottements autour des réalités dites alternatives (multivers quantique). Y’a-t-il eu par exemple deux Captain America à la même période ? C’est ce que nous suggère la fin du film, et si oui, cela aurait dû avoir un impact sur le présent.
Concernant les facilités scénaristiques, pensons quand même que c’est un rat qui a sauvé l’univers ! Eh oui, ce rat, qui a improbablement marché sur le tableau de commande de la machine quantique d’Ant-man, permet de débloquer la situation. Idem concernant Natasha et Flint sur Vormir, quel heureux hasard ! À ce titre, c’est Carol Danvers qui remporte la palme, étant donné que ses deux principales scènes reposent sur une paresse d’écriture fort regrettable.
En conclusion, Endgame est un film qui divisera à juste titre la communauté des cinéphiles et des marvelphiles. Ce film a d’excellentes qualités tout comme d’indéniables défauts. Bien qu’un peu déçu au vu des attentes que j’avais, je l’ai apprécié et j’ai passé un très bon moment au cinéma car « le cœur a ses raisons que la raison ignore. »
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7/10
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8/10
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4/10
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5/10
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6/10
Résumé
Endgame est un film imparfait qui oscille entre le grandiose et l’intime, la joie et la tristesse, la satisfaction et le mécontentement. Les émotions sont donc au rendez-vous malgré quelques maladresses scénaristiques désolantes qui viennent gâcher la fête.